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La Comtesse d'Albany
Lettres inédites de Madame
de Souza (et d'autres...)
(Le Portefeuille de la comtesse d'Albany : 1806-1824,
par Léon-G. Pélissier)
avec l'autorisation de
Les annotations
(en italique) sont de Léon-G. Pélissier ; Les
passages [entre crochets] sont dans Saint-René Taillandier
; "Néné" est le surnom que Mme de
Souza a donné à Charles de Flahaut, son fils
; les sujets concernant Charles de Flahaut sont reproduits
en rouge ; l'orthographe ancienne est respectée.
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lettre de Madame de Souza à la comtesse d'Albany
Paris, 15 janvier 1814
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Je vous ai écrit
un mot le premier, mon excellente amie, pour vous souhaiter une bonne
année et pour vous dire que la mienne aura toujours du bonheur
si vous nous revenés au printems comme vous me le faites espérer.
J'espère la paix et avec elle tous les maux seront effacés
du moins pour celles qui n'ont pas à regretter des personnes
qui leur étoient chères.
Ma voisinne est
bien comprise dans ces dernières. Sa peine augmente tous les
jours au lieu de s'affoiblir. A son âge on ne répare plus
et tout l'intérêt, tout l'appui de sa vie est détruit. Elle n'a
pas encore pu prendre sur elle de voir le camarade Néné ; et ce point d'éloignement
nous sépare un peu, non que je lui en sache mauvais gré,
mais parce qu'il n'y a plus que moi qui vais la chercher, et ma santé
est devenue si mauvaise que je ne puis sortir ni tous les jours ni par
tous les tems. J'ai été 55 jours dans mon lit avec des
douleurs si affreuses que je ne les souhaiterois pas à mon plus
grand ennemi. Que j'aurais été heureuse de vous voir dans
ces momens où vraiment j'avais besoin de consolations. Mandez-moi,
ma bonne amie, si le fils de notre amie (Eugène de Beauharnais) est aimé dans le pays et si il s'y fixera.
Votre passion (La
reine Hortense) ici est bien triste et bien inquiette de lui.
Mille complimens à M Fabre, je suis charmée qu'il amasse autant de trésors,
et je les verrai avec un grand plaisir, mais sans envie parce qu'ils
seront siens. Bertrand est fort langoureux. Je
pense bien à marier mon fils, mais je n'ai encore aucune idée
fixe, ni aucune espérance fondée. Il faut laisser M de Caulaincourt
terminer son grand oeuvre. (Les négociations du Congrés
de Chatillon. C'était une étrange illusion de penser que
la paix pouvait en sortir. M de Caulaincourt avait remplacé Maret,
duc de Bassano, au ministères des Affaires étrangères,
en novembre 1813.) Adieu ma bonne, mon excellente amie, je vous
aime de toute mon âme et je vous désire comme je vous aime.
[Le portefeuille de Mme d'Albany]
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