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L'Intermédiaire des chercheurs et curieux
(correspondance littéraire, "Notes
and queries", français)
questions et réponses, communications diverses
à l'usage de tous, littérateurs et gens du monde, artistes,
bibliophiles, archéologues, généalogistes, etc...
avec l'aide et l'autorisation
de l'Intermédiaire
des Chercheurs et curieux
10
novembre 1865 : Duc de Morny
Pourrait-on me donner, soit par la voie de l'Intermédiaire,
soit par lettre, l'étymologie du nom du duc de Morny ? Est-il
emprunté à une terre ou est-ce un nom d'homme ? Quelle est
la signification du nom de Morni, célèbre guerrier
écossais dont il est question dans le poème de Latmo,
par Ossian ? Les recherches que j'ai faites dans les ouvrages de Zeuss,
Edwards, Legonidek, Pictet, etc... ont été infructueuses.
A de C.
1876 : Duc de Morny
Ce nom a pu être pris dans un roman peu connu, intitulé :
"Les revenants véritables, ou les aventures du chevalier de Morny (par le marquis de l'Aubépine). Paris, Barra,
an XIV (1806), " 2 vol.in-12.
H. de l'Isle
10 août 1876
: Duc de Morny
Le nom de Morny est très réel ; il était porté
par un ancien chevalier de Saint-Louis qui, moyennant une pension de 6000
fr., a reconnu l'enfant né dans les conditions que l'on sait, et
lui a ainsi constitué un état civil régulier. Ce
comte de Morny est mort à Versailles vers 1822 ou 1823.
C. d'A.
C'était (entre tant d'autres) un des dossiers les plus curieux,
que celui des pièces jointes aux publications de mariage
du comte de Morny. Il a disparu en 1871 avec le dépôt des
registres de l'état-civil parisien que l'on conservait à
l'Hôtel-de-Ville.
T.Y.
1876 : Duc de Morny
Dans son livre plein d'érudition (Origine des noms et des armoiries),
le baron de Coston (de Montélimar) assure que le nom de Morny n'appartient
à aucune famille ni à aucune des localités françaises
; il croit que l'un des héros chantés par Ossian, dont les
poésies étaient fort goûtées sous le premier
Empire, a fourni ce nom singulier, qui, en calédonien, signifie
: aime. L'acte de mariage du duc de Morny est rédigé
en latin et il ne donne pas les noms des pères et mères
des deux époux qui se sont unis de leur simple consentement. On
sait que la duchesse de Morny, d'origine russe, s'est remariée
à un grand d'Espagne.
V. de V.
10 septembre 1876
: Duc de Morny
La Biog. Didot ofrre un pendant complet à cet état-civil
du duc de Morny. "Poniatowski (Stanislas), gentilhomme polonais,
fils naturel du prince Sapieha, grand-général de Lithuanie,
et d'une juive ; il fut adopté par un gentilhomme lithuanien, nommé Poniatowski, intendant du prince, qui pour cette adoption lui fit compter
cent ducats d'or de Hollande."
Ce Stanislas Poniatowski est le père du roi Stanislas-Auguste,
et le grand-père du prince Joseph, qui périt à Leipzig,
après avoir rendu si célèbre ce nom de Poniatowski,
qu'il n'eût porté, selon notre biographie, que par une fiction
légale.
O.D.
1879 : Le duel du
duc d'Orléans et M de Morny
Le Figaro avançait, dans une notice intéressante consacrée
à M de Morny (fin du mois d'août), que ce personnage, devenu
depuis si célèbre, M de Morny, eut l'honneur de croiser
son épée avec celmle du duc d'Orléans. Il ne paraît
pas d'ailleurs qu'aucun des deux jeunes combattants ait été
blessé. ce fait est bien peu connu, je crois. Pourrait-on savoir
les circonstances, la date, de ce combat singulier ? Peut-être serait-il
trop indiscret de chercher à en préciser les causes et à
"chercher la femme" ?
On pourrait citer, d'ailleurs, d'autres exemples de princes se battant
avec des personnages d'un rang fort au-dessous du leur. Le comte d'Artois
eut, je crois, un duel avec un capitaine de ses gardes, et le Prince de
Galles (fils de George III) échangea des balles avec un colonel
qui se regardait comme offensé.
V.D.
10 août 1887
: Morny
Le duc de Morny était-il le fils de la reine Hortense et du comte
de Flahaut ?
Ne se rattachait-il pas au contraire à Talleyrand par Madame de
Flahaut ?
A-t-il été reconnu réellement par un comte de Morny
?
Qu'est-ce que ce dernier personnage ?
Firmin
1887 : Morny
"J'ai rencontré Auguste de Morny encore jeune, entre sa trentième
et sa quarantième année, il était charmant. Sa distinction
était rare, son aisance admirable et sa grâce parfaite. Bien
pris dans sa petite taille qui n'était pas trop élevée,
blond, prématurément chauve, avec de jolis yeux bleus et
un sourire avenant, il traversa légèrement la vie, en enant
gâté de la fortune. heureux comme un batard ! me disait la
grande-duchesse Marie de Russie en leregardant passer. Il était
le fils de la reine Hortense et du comte de Flahaut, qui avait été,
- cela se voyait encore lorsque j'entrai en relations avec lui, - un homme
d'une élégance et d'une beauté peu communes. Le comte
de Flahaut, général de division à vingt-quatre ans,
fut la coqueluche des grandes dames du premier Empire ; on se le disputait
dans les alcôves de la famille impériale, où il ne
rencontra point de cruelle. Napoléon se fâcha plus d'une
fois et toujours en vain. Il était relativement pauvre ; mais possédait
les plus beaux équipags de l'armée et trouvait cela tout
simple. La reine Hortense ne lui fut pas plus rebelle que les autres,
d'où, le 23 octobre 1811, provint un Charles-Auguste-Louis-Joseph,
qui fut comte et ensuite duc de Morny. Il est né à Paris,
rus des Filles-du-Calvaire, dans une maison entourée d'un jardin
clos de murs, et que l'on avait louée pour la circonstance. Des
joueurs d'orgue, postés dans les environs, n'auraient point permis
d'entendre des cris ou des gémissements. Quoi que l'on en ait dit,
l'enfant eut un état-civil régulier et le nom qu'il porta
ne fut point un nom de fantaisie. On avait découvert à Versailles
un ancien chevalier de Saint-Louis, pauvre, fatigué de l'être,
qui s'appelait réellement le comte de Morny et qui, moyennant une
rente de six mille francs, qu'il toucha jusqu'à sa mort, n'hésita
pas à reconnaître l'enfant qu'il ne connaissait pas. Auguste
fut élevé par la mère du comte de Flahaut, qui en
secondes noces avait épousé le comte de Souza. Il vécut,
dès son adolescence, dans la familiarité de Talleyrand,
de Montrond, de Pozzo di Borgo, de Metternich, d'Alexandre de Girardin
; ce n'est point en elle compagnie qu'il se forgea des principes bien
rigides, mais il apprit la science du monde à laquelle il excella...
(Extrait de Souvenirs inédits destinés à paraître
en 1910.
Stille
25 septembre 1887 : Morny
Les armoiries du duc concédées, en 1862, au comte de Morny,
le reconnaissant pour fils du comte de Flahaut, puisqu'elles portent l'écu
de cette famille (d'argent à 3 merlettes de sable) brisé d'une bordure componée de l'Empire français et des
dauphins d'Auvergne. Il est vrai que, d'après son acte de naissance,
du 22 octobre 1811, publié par M. Borel d'Hauterive, "Charles-Auguste-Louis-Joseph
Demorny" (sic) serait fils "du sieur Auguste-Jean-Hyacinthe
Demorny, propriétaire à Saint-Domingue, demeurant à
Villetaneuse (Seine)" et de son épouse "Louise-Emilie-Coralie
Fleury" ; mais il reste à établir que cet acte est
bien authentique et même, en admettant l'affirmative, que M et Mme
Demorny ont réellement existé, ce nom étant tout
à fait inconnu.
Voir, sur la question, le "Bulletin de la Société héraldique
et généalogique de France, tome II (1880), col. 52-54 et
80-82.
Vaudémont
25 novembre 1887
: Morny
J'ai lu quelque part, il y a une vingtaine d'années, que le nom
de Morny a été pris dans les poémes d'Ossian, et
que ce mot signifie : doux (en latin, mitis).
De Villagorce
10 novembre 1888 : Les papiers de M de Morny
Les papiers de M de Morny conservés par deux secrétaires,
MM Fournier et de Morpon, ont-ils été classés et
publiés ? Présentent-ils quelque intérêt historique
?
Pont-Calé
10 août 1896
: Morny
Consulter mon livre : Les secrets des Bonaparte, 1889, Emile Bouillon,
in-18
Nauroy
1900 : Naissance
du duc de Morny
Sur quoi s'appuie la tradition que M de Morny serait né clandestinement
à Montpellier ?
Hixer
30 avril 1900 :
Naissance du duc de Morny
J'ignore à quelle tradition Hixer fait allusion, mais je sais que
la copie suivante d'un acte inscrit, le 22 octobre 1811, à la mairie
du IIIè arrondissement (Xè actuel) de Paris, me paraît
battre sérieusement en brèche la dite tradition :
... Cjaude-Martin Gardien, médecin et accoucheur, a déclaré
que la veille il était né chez lui, rue Montmartre, 137,
un enfant du sexe masculin, fils de Louise-Emilie Fleury, épouse
de Jean-Hyacinthe Demorny (sic), propriétaire à Saint-Dominique
(Saint-Domingue ?) demeurant à Villetaneuse, près de Saint-Denis.
Alfred Sage
mai 1900 : Naissance du duc de Morny
Voir : Bulletin de la société héraldique, et généalogique
de France. 2è année, 1880-81, pp.52 et 80-399
Friso
7 juin 1900 : Naissance
du duc de Morny
Consulter mes Secrets de Bonaparte, 1889, in-18, Emile Bouillon.
Nauroy
1902 : Naissance
du duc de Morny
Morny a eu pour tuteur le dernier préfet de police de Louis-Philippe,
Gabriel Delessert ; c'est pour cela que lui est dédié un
livre peu connu des historiens et qui contient de curieux détails
sur la chute de Louis-Philippe : M Gabriel Delessert, par J. Tripier
le Franc, ancien secrétaire particulier de M. Carlier préfets
de police, 1959, in-8 Dentu, 3 pages non chiffrées pour la dédicace
et 438 pages, portrait.
Nauroy
1902 : Naissance
du duc de Morny
Consulter un intéressant mémoire de M. Grasset-Morel sur les Bonaparte à Montpellier et la Légende
(de la naissance) du duc de Morny. Ce mémoire, inséré dans le Recueil de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, (Lettres, série II, tome III), a été aussi tiré
à part (Montpellier, Calas, un vol. -in-8è)
L.G.P.
30 mai 1903 : Naissance du duc de Morny
Morny a écrit, en collaboration avec M Ludovic Halevy, sous le
pseudonyme de Saint-Remy :
1. Sur la grande route, 1861
2. M. Choufleuri restera chez lui, 1861
3. Les bons conseils, 1862
4. La manie des proverbes, 1862
5. Les finesses du mari, 1864
6. Pas de fumée sans feu, 1864
7. La succession Bonnet, 1864
Nauroy
20 juin 1904 :
Lieu de naissance du duc de Morny
Sur la question de la paternité attribuée à Talleyrand,
je rencontre quelques détails dans un livre tiré à petit nombre : Talleyrand prêtre et évêque.
Paris, Ed. Rouveyre, 1883, au ch. VIII, Madame de Flahaut.
Adélaïde-Marie-Emilie Filleul née, dit-on d'une passde
de Louis XV, - les Filleul étaient héréditairement
concierges de maisons royales - épousa, jeune, le déjà
vieux comte de Flahaut de la Billarderie, maréchal de camp, qui
succéda à Buffon dans l'intendance du Jardin du Roi, et
mourut, en 1793, à Arras, sur l'échafaud révolutionnaire.
Les Flahaut étaient logés au Louvre et c'est là que
Gouverneur Morris, ministre des Etats-Unis en France, vit pour la première
fois, Talleyrand qui vivait dans l'intimité de la comtesse,
le mot est souligné dans la correspondance de l'Américain..
M Marcade reproduit même une lettre du 24 février 1791, dans
laquelle Morris, devenu fort familier dans la maison, rapporte des faits
de nature à prouver que l'évêque d'Autun et la comtesse
tenaient une grande place dans le coeur l'un de l'autre. C'était
donc une de ces liaisons publiques acceptées, comme en a tant vu
le XVIIIè siècle.
Le comte de Flahaut avait deux frères : l'aîné le
comte d'Angiviller de la Billarderie, émigra et mourut sous l'Empire
à Hambourg. On le donne pour un gentilhomme très sévère
en matière d'honneur familial, et dans une lettre du 2 septembre
1804 à la comtesse de Neuilly, il s'exprime de la manière
la moins équivoque sur la naissance de son prétendu neveu.
Le comte de Flahaut qui mourra grand-chancelier de la Légion d'honneur
le 3 septembre 1870, était ,é le 21 avril 1785 ; l'abbé
de Périgord avait alors 31 ans, la comtesse de Flahaut 24, M Marcade
rapporte que celle-ci, devenue par un second mariage la marquise de Souza,
éleva le jene Morny. Son mari José-Maria de Souza Bothelo,
1758-1825, fut un dplomate et un littérateur, connu surtout par
sa manifique édition des Lusiades publiées à
Paris en 1817. Mme de Souza a écrit plusieurs romans assez oubliés
oujourd'hui, et mourut en 1836, deux ans avant Talleyrand. Son fils fréquentait
beaucoup à l'hôtel de la rue Saint-Florentin, où l'on
conduisait aussi très souvent le jeune Morny à qui le vieux
prince faisiat le meilleur accueil.
M Marcade rapporte que dans l'intimité, le comte, plus tard duc
de Morny, aimait à laisser dire qu'il était le petit-fils
de Talleyrand.
Malgré les affirmations et les présomptions, le problème
est et sera toujours insoluble ; en histoire, comme devant les tribunaux
français, la recherche de la paternité est interdite. Il
n'y en a pas moins de l'intérêt à discuter ces peut-être,
à la condition de ne pas oublier la réponse de Mme de Lassay
à son mari qui, au beau temps de Madame de Maintenon, s'évertuait
à démontrer la vertu de madame Scarron ; "Mais enfin,
monsieur, comment faites-vous pour être si sûr de ces choses-là ?"
Que si maintenant on voulait mettre en jeu l'atavisme, on pourrait s'amuser à chercher chez le duc de Morny, et on lui trouverait sans trop
forcer les ressemblances, certains traits de caractère communs
avec son ancêtre présumé. Mais il y a une psychologie
amusante cmme il est une physique amusante, et ce serait sortir même
du roman de l'histoire.
H.C.M.
1904 : Lieu de
naissance du duc de Morny
La paternité du général de Flahaut, imputée
à Talleyrand, n'a rien d'invraisemblable, car le mariage d'Adélaïde-Marie-Emilie
Filleul, à l'âge de 18 ans, avec le maréchal de camp
Charles-François de Flahaut, âgé de 51 ans, mariage
célébré à Saint-Jacques-du-Haut-Pas le 30
novembre 1799, ne fut pas de longue durée, et les relations de
la comtesse de Flahaut avec Talleyrand sont concomittantes avec la naissance,
en 1785, de l'enfant qui devait être l'amant de la reine Hortense
et, par elle, le père du duc de Morny, avant de finir grand chancelier
de la Légion d'honneur. On voit que Cupidon mène à tout !
Toutefois, ce n'est pas Adélaïde-Marie-Emilie Filleul qui
serait "née, dit-on, d'une passade de Louis XV", c'est
sa soeur aînée, Marie-Françoise-Julie-Constance Filleul,
née à Falaise en 1751, qui devint marquise de Marigny. La
naissance d'Adélaïde-Marie-Emilie Filleul, survenue rue du
Mail, en 1761, a été, avec plus de vraisemblance, attribuée
au fermier-général Bouret, qui fut, du reste, son parrain.
Toute cette filiation des Filleul a été minutieusement élucidée
dans une conférence faite, le 18 juin 1904, à la mairie
de Passy, par M Félix Bouvier, le savant et scrupuleux historien
de Bobaparte en Italie, devant la "Société historique
de l'arrondissement," étude ayant pour titre : Une concierge
de Passy en l'an II. Cette conférence avait précisément
pour objet la famille Filleul, concierges de père en fille, des
châteaux royaux de France, chargés de tenir la chandelle
aux hauts et puissants seigneurs desdits, quand ils en montaient, à la nuit, les larges escaliers de marbre.
Alfred Duquet
20 juin 1906 :
Famille de Flahaut
J'ai posé dans l'Intermédiaire une question demeurant sans
réponse sur Adélaïde Filleul, comtesse de Flahaut,
puis baronne de Souza. Serais-je plus heureux en demandant si je pourrais
obtenir quelque indication bibliographique concernant son beau-frère
le fameux comte d'Angiviller, directeur des bâtiments, sa femme,
auparavant veuve de M. de Marchais, amie de Mme de Pompadour, et sur le
général de Flahaut, père du duc de Morny ?
Renaud d'Escles.
10 juillet 1906 : Famille de Flahaut
César-Auguste Flahaut, comte de la Billarderie, lieutenant général
des amées du roi, épousa Thérèse-Odile Coeuret,
fille de Louis, marquis de Nesle et de Henriette-Jeanne-Rosalie Le Bouc
de Montplaisir, dont, entre autres enfants :
1) Charles-Claude de Flahaut, comte de la Billarderie d'Angivilliers,
directeur des bâtiments et des jardins du roi, marié, au
mois d'août 1781, avec E Julie Delaborde, veuve de Girard de Binet,
baron de Marchais, et fille de Jean-François Delaborde, fermier
général, et d'Elisabeth le Vasseur.
2) Charles-François de Flahaut, comte de la Billarderie, lieutenant
général des armées du roi, mort en 1793, épousa
: 1° Françoise-Louise Poisson, fille de François, seigneur
de Lucq, et de Marie-Madeleine de la Mothe ; née le 15 mai 1724
et soeur de la marquise de Pompadour ; 2° le 30 septembre 1779, Adélaïde-Marie-Emilie
Filleul, fille de Charles-François et de Catherine-Irène
du Buisson de Longpré, et remarié avec dom José de
Souza Botelho ; elle décéda, à Paris, le 16 avril
1836. ["Abel-François Poisson, marquis de Menay, frère
de la marquise de Pompadour et de la comtesse de la Billarderie, avait
épousé, en 1767, Marie-Françoise-Julie-Constance Filleul, fille naturelle de Louis XV."]
Du second mariage :
Auguste-Charles-Joseph, comte de Flahaut, lieutenant général,
grand-chancelier de la Légion d'honneur, ambassadeur en Angleterre,
etc... (le père du duc de Morny), né le 31 avril 1785, morrt
à Londres, le 1er septembre 1870, marié le 28 juillet 1817
avec Marguerite Elphinstone, baronne de Keith, décédée
à Paris, le 12 novembre 1867, dont :
(1) Emilie-Jeanne, morte à Londres au mois de juin 1895, avait
épousé, le 1er novembre 1843, Henri, comte de Shelburne,
marquis de Lansdowne ;
(2) Clémentine-Marie-Hortense, décédée le
5 janvier 1836 ;
(3) Georgette-Gabrielle, née en 1827, mariée, en 1871, avec
Charles-Jean-Félix, marquis de La Valette ;
(4) Adélaïde-Joséphine-Elisabeth ;
(5) Sarah-Sophie-Louise, morte le 8 juillet 1853.
G.P. Le Lieur d'Avost.
1906 : Famille Flahaut
(LII, 893 ; LIV, 22). - LIV, colonne 22, ligne 41, lire Menars et non
Menay.
1907 : Naissance
du duc de Morny et Mme
de Souza de Flahaut
Dans une étude très étendue et d'un remarquable style, Madame de Souza et sa famille, M le baron de Maricourt parle tout
naturellement du duc de Morny.
Mme de Souza est une figure des plus gracieuses du dix-huitième
siècle à cheval sur le dix-neuvième ; elle ne pouvait
pas trouver un peintre plus délicat et plus ingénieux. le
livre qu'il lui a amoureusement consacré, est à proprement
dire, un charme. Et l'admirable, c'est que tant de qualités brillantes
d'éloquence et d'esprit ne sont point dépensées au
détriment de l'érudition et de l'histoire.
Une demoiselle de Longpré, que la légende croit distinguer
entre les beautés du Parc-auc-Cerfs, épouse, en 1747, un
sieur Filleul. De cette union, naît à Longpré, une
fille, Julie, qui deviendra Mme de Marigny, et une autre fille, Adélaïde
; celle-là, fille, dit-on, du traitant Bouret. Elle deviendra Mme
de Flahaut, puis Mme de Souza.
M de Maricourt conte en ses menus détails, l'existence de la petite
Adélaïde qui fut de bonne heure un intéressant personnage
dans la plus intéressante des sociétés. ce fut chez
sa soeur, Mme de Marigny qu'elle connut M de Flahaut. Mais elle n'avait
point de ces caprices que fixe l'amour, et la voici éprise de M
de Talleyrand, dans le temps où naît Charles de Flahaut.
La Révolution viendra à propos pour couper avec le tranchant
de la guillotine un lien qui pèse au vieux mari et à la
femme.
Emigré, réduite à la misère, elle puis dans
l'adversité un renouveau de vertu qui lui manquait. Elle devient
un écrivain ingénieux, une mère admirable, et porte
avec éclat le nom de Souza, par son mariage avec un diplomate portugais
qui s'est souvenu, quand elle fut veuve, qu'il pourrait ne lui être
pas indifférent.
Charles de Flahaut, à seize ans, offre son épée à
Bonaparte, qui revient d'Egypte. C'est un cavalier, d'une grande séduction,
d'un courage intrépide. Aime-t-il Hortense de Beauharnais ? ou
en est-il aimé ? M de Maricourt consulte inutilement sur ce point
les Mémoires de Mme Potocka, confidente intéressée
de cette passion, qui ne connut jamais la femme mystérieuse qui
était entre elle et Charles de Flahaut.
De ces rapports tenus secrets il résulta
la naissance qu'on sait, le 21 octobre 1811, chez Claude-Martin Gardien,
médecin-accoucheur, rue Montmartre 137, de Charles-Auguste-Louis-Joseph,
né de Coralie Fleury et d'Hyacinthe Demorny, parents d'emprunts,
dont M de Maricourt ne sait rien de plus que ses prédecesseurs
dans cet ordre de recherches.
Ce que devint Auguste Demorny, dont ce livre nous montre la formation,
on le sait : c'est l'histoire dans tout son fracas.
On sait moins comment disparut l'aimée, charmante et célèbre
créature, qui l'éleva, l'auteur d'Adèle de Senanges
que M de Mariccourt conduit avec émotion jusqu'à cette tombe
du Père-Lachaise envahie et dévorée par les ronces
de l'oubli depuis le 21 avril 1836.
1930 : Morny et
le titre d'Altesse impériale
Dans son très attachant, très prenant ouvrage sur le frère
de Napoléon III, publié dans la collection Figurines du
passé, M. Marcel Boulenger pose la question suivante (p.242 et
243) :
Signalons aux investigations des chercheurs un petit problème dont
nous nous voyons dans l'impossibilité matérielle de fournir
la solution.
Il existe dans les papiers Morny, deux lettres extrêmement curieuses
dont voici d'abord la genèse, ou plus exactement l'occasion. Un
journal de Bruxelles, l'Indépendance belge, avait publié
un article, dont on n'a conservé qu'une partie, dans laquelle,
avec une merveilleuse perfidie, le journaliste écrivait que M de
Morny allait sans doute obtenir bientôt droit à l'appellation
d'Altesse impériale, que la cour des Tuileries se trouvait divisée
en deux camps, les Bonaparte d'une part, les Beauharnais de l'autre, etc...
A la suite de ce papier, Morny écrivait à l'Impératrice
(et non pas directement à l'Empereur, ce qui prouve à quel
point il est inexact de lui prêter, comme on l'a fait trop souvent,
de mauvais sentiments envers la souveraine) pour lui exprimer son affectueux
embarras et son profond chagrin de voir courir publiquement de tels bruits.
Il demande ce qu'il doit faire, ajoutant qu'il est prêt à
tout afin d'effacer jusqu'à la trace et jusqu'au prétexte
de ces méchancetés ; qu'il s'éloignera, si l'on veut,
qu'il accomplira quelque voyage en Italie : bref, qu'on dispose entièrement
de lui. Et la lettre est très douce, pleine d'une amitié
respectueuse et vive, manifestement sincère.
L'Impératrice répondit par une autre lettre, non moins amicale
et tranquille pleine de délicatesse, dont Morny dut se sentir pleinement
rassuré ; qu'il se tienne en repos, tout cela n'est rien, l'on
a toute confiance en lui, il ne faut pas s'occuper de ces sottises-là.
Nous avons tenu en main ces deux lettres qui font pareillement honneur à leurs deux auteurs... Seulement voilà : ni l'une, ni l'autre
ne sont datées. Et l'extrait de l'Indépendance belge,
point davantage. Il faudrait donc, pour le retrouve, aller lire à
Bruxelles tous les numéros de ce journal, depuis l'an 1852, jusqu'à l'an 1865. certes, nous nous proposons de le faire, mais pas tout de suite.
Nous ne saurions, par conséquent, préciser à la suite
de quels incidents s'éleva ce petit nuage de cour. D'après
le classement des papiers dans les archives Morny, il semble que la lettre
de Morny et la réponse de l'Impératrice soient postérieures
à 1860 ; c'est tout ce que nous pouvons nous permettre d'indiquer.
Quelques érudits trouveront le mot de ce rébus : il y a
des divertissements plus coupables et moins amusants.
P.c.c. Roan
1930 : Le duc de
Morny et Sarah Bernhardt
Je lis dans un journal hebdomadaire illustré que, lorsqu'elle eut
quinze ans, Sarah Bernhardt subit une crise de mysticisme et voulut se
faire religieuse. On réunit alors un conseil de famille auquel
assistait... le duc de Morny. ce dernier s'éleva avec force contre
les vélléités conventuelles de la jeune personne
et conseilla de la "fourrer plutôt au Conservatoire" ;
ce qui fut fait.
L'auteur de l'article demande à quel titre Morny a assisté
à ce conseil de famille. Nous posons la même question.
Saint-Audemer
1930 : Le duc de
Morny et Sarah Bernhardt
Au chapitre VI de ses mémoires, intitulé Ma double vie,
Sarah Bernhardt raconte comment se passa ce conseil de famille. Au sujet
du duc de Morny, elle dit seulement :
Il y avait comme convives à déjeuner ce jour-là :
ma tante Rosine, Mlle de Brabender, mon parrain, et le duc de Morny, un
grand ami de mon père et de ma mère.
"Le duc de Morny m'en imposait un peu. Il était doux et moqueur
; je savais qu'il avait à la Cour une haute situation, et que ma
famille s'honorait de son amitié."
Sarah Bernhardt ne semble pas en avoir su davantage sur les relations
du duc avec ses parents.
R. de Berwick
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