Pierre Ortéga est l’historien de Jumilhac.
En 1999, il a publié « Jumilhac au fil du temps ».
Cet ouvrage est malheureusement épuisé ; cependant, grâce à l’ aimable autorisation de Pierre Ortéga, voici quelques éléments de l’histoire de Jumilhac et de la Communauté de Communes de Jumilhac.
(Les photos sont de Pierre Ortéga, à l’exception de celle du triens de Jumilhac qui vient du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale.)
JUMILHAC LE GRAND et son Histoire
La commune de Jumilhac est l’une des plus vaste de la Dordogne, 6667 ha, juste après celle de La Roche-Chalais. Elle s’est installée le long de l’Isle, rivière qui prend sa source dans les étangs de Nexon (Haute-Vienne) traverse le département du nord-est au sud-ouest et va se jeter dans la Dordogne à Libourne (Gironde). Deux autres cours d’eau arrosent Jumilhac : le Périgord, qui vient aussi de Haute-Vienne et le Ruchalais né au nord de la commune.
Le nom de la commune remonte à l’Antiquité. Au VIe siècle, il apparaît dans un échange de lettres entre l’évêque de Limoges, Rorice 1er et celui de Périgueux, Chronope II. A l’origine, il se décomposait en « Gemelius » du nom d’un propriétaire terrien gallo-romain et le suffixe « acum » qui désigne un établissement agricole d’une certaine importance
On trouve des traces d’habitat néolithique sur le territoire de la commune, et des traces de l’exploitation d’un filon de quartz aurifère entre le IVe et le Ier siècle avant J. C aux Fouilloux, un lieu-dit, proche du Chalard (Haute-Vienne). Dans les années 1990, des fouilles ont mis au jour d’importants vestiges de cette exploitation. Par ailleurs, le Cabinet des Médailles de Paris conserve quelques pièces d’or, des triens, (tiers de sou), datant du règne des petits fils du roi mérovingien Dagobert (Clotaire III, Childéric II, Thierry III), pièces frappées au lieu du Gravier, sur l’Isle
Au XIesiècle, construction de l’église paroissiale dédiée à Saint Pierre-es-Liens (église qui a fait suite à un premier édifice situé non loin en contrebas de l’actuelle église et qui était dédiée à Saint Martin). L’église actuelle est un fort beau bâtiment, en grande partie roman, les transepts nord et sud, la nef et la façade, un chœur gothique a remplacé le chœur roman dont on n’a aucune trace. Un très beau clocher octogonal limousin se dresse à la croisée du transept, jouant finement entre lumière et ombre.
Fin du XIIe siècle, s’installera un prieuré de l’ordre limousin de Grandmont, il subsistera jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Une importante partie des bâtiments peut se voir, près du pont de La Faye. L’ordre de Grandmont fondé au XIe siècle en Limousin par Saint Etienne de Muret fut l’un des ordres les plus rigoureux qui ait été institué.
Tout en bas de l’actuel château se trouve un pont qui relie la rive droite de l’Isle à la rive gauche, le pont de la Croix Bancaud. Jusqu’au XVIe siècle existaient deux châteaux surveillaient le gué, l’un rive droite, connu comme le « château rompu » au Puy Reysseix, l’autre rive gauche, l’actuel château. Des Teyssières aux Chapelle de Jumilhac, du XIIIe au XVIIIe, un certain nombre de familles seigneuriales se sont succédé au château, à la tête d’un important domaine foncier, exerçant tous les droits et devoirs des seigneurs, particulièrement la justice.
Fin du XVIe siècle Antoine Chapelle devient par mariage et par acquisition seigneur « par entier » de Jumilhac et anobli par Henri IV pour services rendus à la couronne en 1597. En 1655, la terre de Jumilhac est érigée en marquisat, François Chapelle devient le premier marquis de la famille.
Sous l’Ancien Régime et jusqu’au début du XIXe siècle, une part importante de l’économie locale a reposé sur au moins cinq forges, quatre sur l’Isle, le Teindeix, Vialette, le Gravier et le Cros bas et une sur le Périgord, les Feignères. Elles ont terminé leur activité entre 1860 et 1880. En plus de ces forges, il y avait un certain nombre de moulins, au moins une dizaine.
A la Révolution, on ne note pas de vraie agitation à Jumilhac, seuls les biens religieux sont déclarés biens nationaux, le prieuré de La Faye et le presbytère. Le dernier seigneur marquis de Jumilhac Antoine Pierre Joseph, formé à l’art militaire dans les armées royales, reprend du service dans les armées du Ier Empire, il est nommé général à Leipzig, décoré de la Légion d’Honneur à Moscou des mains du prince Murat et finira sa carrière comme lieutenant-général sous le règne de Charles X.
Après le départ des Chapelle de Jumilhac, le château et la terre passent de familles en familles. En 1827, terre et château sont acquis par Elizabeth Ouvrard, fille de l’un des plus importants munitionnaires de Napoléon 1er. La nouvelle châtelaine est l’épouse du comte de Rochechouart, descendant de l’une des plus illustres familles du Limousin et de France. Louis Victor Léon de Rochechouart a été maire de Jumilhac entre 1855 et 1858. Après le départ de la famille de Rochechouart, ce sont les Etienne Say, enrichis dans la fabrication du sucre de betterave, qui rachètent le château et la terre de Jumilhac ; ils le quitteront dans les années 1910.
Le château, fut laissé plus ou moins à l’abandon. C’est en 1927 que la famille Chapelle de Jumilhac le rachètera et reviendra sur ses terres ancestrales
La municipalité, quant à elle, s’est organisée à partir de 1789 et pas moins de 26 maires se sont succédé depuis pour participer au développement de la commune, en fonction des circonstances, des bouleversements sociaux et politiques, mais aussi économiques.
Un des principaux soucis des édiles municipales fut l’instruction particulièrement celle des enfants, fort nombreux. La tache n’était pas simple : pas d’école, pauvreté des familles, il fallut résoudre ce double problème et sous l’impulsion de Pierre Delsuc, instituteur, la municipalité prit deux décisions, la gratuité de l’enseignement, en 1867, et la construction d’une maison d’école toujours debout aujourd’hui. Par la suite se créeront deux écoles de hameaux à Seveix et Puygers.
Autre difficulté : dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’une des principales activités économiques de la commune (comme du canton et de tout le nord de la Dordogne) a disparu purement et simplement : il s’agit des cinq forges qui ont fourni, des siècles durant, du travail aux hommes de la commune, travail certes saisonnier mais qui apportait un complément de ressources à celles fournies par l’agriculture, un homme, deux métiers. Après 1880, les forges ont cessé leurs activités, sauf celle des Feynières, transformée en scierie ; quelques moulins subsistent, dont celui de La Vergne, lui aussi devenu scierie, et le Moulin de La Salle, en bas du château, qui deviendra en 1908 une usine électrique et fournira le courant des premières ampoules électriques du bourg. Elle est toujours en activité aujourd’hui.
Dans le même temps, les différentes municipalités de Jumilhac se sont préoccupées de désenclaver la commune et son canton et dès les années 1850, la question d’une ligne de chemin de fer reliant Jumilhac à un réseau national s’est posée. Après des luttes acharnées, on inaugura la ligne de Thiviers à Saint Yrieix en 1912 ; il était tard et la ligne ne fonctionnera pas beaucoup plus de vingt ans.
Jumilhac le Grand le 6 août 2013
Pierre Ortega
Tels sont quelques unes des étapes de l’histoire de la commune
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Quelques monuments
Le château, pièce maîtresse de Jumilhac à la fois pour son histoire et son architecture, l’un des plus beaux du Périgord, et des plus originaux par ses spectaculaires toitures : 13e/17e siècles, classé monument historique
L’église paroissiale Saint-Pierre-es-liens des 11e/14e siècles pour l’architecture et complétée à l’intérieur par une riche décoration, en particulier une grande peinture murale du 17e siècle sur le thème de la « Croix de Passion »
Le pont de la Croix Bancaud avec ses deux arches et ses becs avant et amont permet de se rendre à l’usine électrique, anciennement moulin de La Salle. L’usine est mise en mouvement par la chute artificielle du barrage sur l’Isle. Depuis ce site, le visiteur peut avoir un beau point de vue sur le château, sur les rochers d’escalade et sur le vaste étang avec son échelle à poissons. L’ancienne maison du meunier est toujours en place.
Le Pont du Chalard fait la limite de la Haute-Vienne et de la Dordogne, du XIII/XIVe siècle, classé monument historique. Il est à trois arches, dont une plus ancienne que les deux autres
Le lavoir, en quittant Jumilhac pour se rendre à La Coquille. Pas très ancien mais bien conservé, il était jadis alimenté par le ruisseau La Vache, qui prend sa source non loin de là, à La Tour
Voici d’autres photos de Jumilhac :