Paris, le 25 janvier 1853 Je suis informé que le Sr Mayer, journaliste, aurait adressé à l'Empereur une ode intitulée La France impériale, qu'il vient de publier. L'Empereur ayant, en plusieurs circonstances, adressé à quelques auteurs, soit un présent, soit une lettre, il m'a paru utile d'informer Sa Majesté que le St Mayer a été traduit six fois devant les tribunaux, et condamné trois fois, pour escroquerie, à plusieurs années d'emprisonnement qu'il a subies dans des maisons centrales. Le Sr Mayer est, en outre, un des auteurs des calomnies odieuses, qui, dans ces derniers temps, ont défrayé les journaux étrangers. J'ai déjà eu l'honneur de dire à l'Empereur combien il serait désirable que Sa Majesté fit connaître, le plus tôt possible, les noms des dames d'honneur de l'Impératrice. Le monde les attend avec une véritable avidité. Le nom de Mme la duchesse de Vicence avait été prononcé ; sa nomination était considérée comme certaine, et on se réjouissait de ce choix, parce que Mme de Vicence, outre ses qualités personnelles, tient encore à plusieurs grandes familles de la capitale qu'elle aurait entraînées avec elle. Le bruit s'est répandu hier qu'elle aurait décliné cet honneur, et cette nouvelle a été accueillie avec de véritables regrets. L'Empereur a pu remarquer qu'à part quelques écarts regrettables, sans doute, la presse étrangère avait, en général, parlé du mariage de Sa Majesté en termes favorables. On me signale le départ de Jersey du nommé Huart, réfugié politique, homme dangereux sous tous les rapports, et capable, par son fanatisme démagogique, de se porter à tous les crimes. Huart aurait l'intention de se diriger sur Paris, à l'aide d'un vieux passeport. Quant au but de son voyage, les précautions mystérieuses dont il a enveloppé son départ, l'exaltation bien connue de ses opinions politiques, et ses relations avec des hommes qui ont plus d'une fois manifesté leur espoir d'assassinat, tout porte à penser qu'il pourrait être un de ces émissaires chargé d'épier une occasion favorable pour attenter aux jours de l'Empereur. Je transmets à M. le Préfet de police toutes les indications que j'ai pu recueillir sur cet individu, ainsi que son signalement, et le nom d'un ami chez lequel il pourrait descendre. Le Ministre Secrétaire d'Etat au département de la Police générale, |