Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
19 octobre 1806, Mayence
M. de Talleyrand a dû te donner hier les détails de tous nos succès, du moins le peu qu'on en a. Nous attendons toujours les courriers comme le Messie et notre premier soin est de nous partager pour apprendre tout de suite les bonnes nouvelles à toutes les personnes qui nous intéressent et que cela intéresse. Tu es, comme de raison, le premier sur la liste, mon cher Eugène.
J'espère que cette guerre ne sera pas longue, car le commencement est bien brillant. Je crois que ta femme n'est pas fâchée de te voir
un peu en repos ; moi, qui sais tout le chagrin que cela te fait, je ne fais que désirer ; mais j'en reviens à ma grande morale qui est la résignation et de voir que tout est pour le mieux.
Adieu, je t'embrasse ainsi que ma soeur. Comment passez-vous votre temps ? Ah ! je vois avec chagrin que je suis bien étrangère à tout ce que tu fais, car tu as si peu le temps d'écrire que je ne sais plus aucun petit détail sur toi, sur ce que tu fais et, quand je pense à toi, je ne sais plus où te trouver. Mes petits enfants t'embrassent.
Hortense
P.S. Feras-tu venir Mme Franjeau en Italie ?
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