Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène Je reçois à l'instant de bien bonnes nouvelles, mon cher Eugène, et je m'empresse de t'en faire part ; mais une chose bien extraordinaire, c'est qu'il n'y a que moi qui les ai ; ce matin, j'ai reçu par l'estafette une lettre de Savary, datée de Weimar du 17. Les courriers de l'Empereur, qui apportent sûrement les mêmes nouvelles, se trouvent arrêtés à Würtzbourg parce qu'il n'y a pas de chevaux. C'est du moins ce que me mande M. Devaux qui va vers l'Empereur. Au reste, Savary m'écrit du château de Weimar. Il me dit que Erfurt s'est rendu et a livré 17 000 prisonniers, cent pièces de canons, vingt-huit drapeaux, dont ceux du régiment de la Reine, brodés de sa main, le maréchal de Moellendorf, le prince d'Orange et dix autres généraux dont on ne sait pas le nom. Tout cela est prisonnier ; c'est une seconde affaire d'Ulm ; la Reine n'a eu que le temps de s'enfuir en calèche. Elle a fait manoeuvrer les troupes devant toute la cour de Weimar : elle était à cheval, portant l'uniforme de son régiment, mais à présent, elle ne pense qu'à s'enfuir. Hortense |