Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène Ne m'en veux pas, mon cher Eugène, si j'ai été aussi paresseuse depuis que je suis à la campagne ; mais je vais souvent à Saint-Cloud, je suis un peu courant et puis toujours désirant savoir quelque chose de décidé et ne sachant rien. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il faudra que je me sépare des seuls amis que j'avais. Te parler de tout mon chagrin, de tous mes regrets, c'est t'en donner aussi sans qu'il soit en ton pouvoir de rien changer. Il me faut donc du courage et j'avoue que, quand c'est à toi que je parle, toi avec qui je ne puis rien dissimuler, je n'ai la force que de pleurer et de me plaindre. Hortense |