Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
29 novembre 1811, Paris
Mon cher Eugène, j'ai été voir l'Empereur qui a été bien bon pour moi ainsi que l'Impératrice. Quoique je sois mieux, je n'y vais pas encore souvent parce que je veux me soigner. J'ai parlé de maison à l'Empereur ; il m'a dit que pour toi tu n'en avais guère besoin ici, que tu serais très bien logé au Louvre quand tu viendrais avec ta femme et tes enfants. Il m'a parlé de la Hollande, qu'on m'y rendait justice. Pour l'Impératrice Joséphine, il s'est un peu plaint de ses dettes, mais sans aigreur. L'Impératrice Marie-Louise a été vraiment charmante pour moi ; elle m'a répété souvent combien elle m'avait plaint d'être si tristement logée, que, si elle était restée plus longtemps à Amsterdam, elle serait tombée malade.
Enfin, j'ai été fort contente de tout le monde. Voici à présent une demande que je veux te faire. Napoléon doit bientôt passer aux hommes ; je désire lui donner un valet de chambre qui soit sage, exactement comme une bonne et qui, s'il était malade, m'en avertisse tout de suite, enfin tout a fait un homme de confiance. C'est bien difficile à trouver. Je sais que Belanger est un homme qui me conviendrait bien pour cela ; mais voudrait-il te quitter ? Et voudrais-tu t'en défaire ? C'est ce que je te demande, car je ne voudrais pas te priver d'une personne qui te serait nécessaire et ce n'est que parce qu'il est en second que je t'en parle. Réponds-moi donc sans façon là-dessus.
Adieu, je t'embrasse et je viens de m'apercevoir que je t'écris sur une demi-feuille, mais je ne recommencerai pas ma lettre, car, avec toi, je ne me gêne pas et d'ailleurs j'ai bien mal aux yeux.
Mille choses à ma soeur, j'embrasse tes enfanrs.
Hortense
P.S. Je vais envoyer des petits spencers à tes petites filles.
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