Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
23 février 1814, Paris
Je t'envoie une lettre que je viens de recevoir. Tascher sera sans doute arrivé et tu sais à présent à quoi t'en tenir et qu'il faut rester en Italie. C'est que les affaires étaient bien mauvaises quand on t'avait dit de revenir. A présent, notre pauvre capitale est, je crois, sauvée. Elle l'aura bien échappé.
On parle beaucoup de paix, de désunion entre les Russes et les Autrichiens, enfin nous respirons un moment ; il n'y a pas de doute que les Coalisés ne voulussent remettre un Bourbon. L'Empereur vient de regagner sa couronne et l'on assure qu'il ne demande que la paix de Francfort. Dieu veuille qu'elle arrive bientôt.
L'on rit beaucoup du roi de Naples ; où en est-il ? Nos victoires doivent bien l'étonner ; ce que c'est que de ne pas suivre sa ligne droite, on n'est jamais embarrassé ; mais ta position, toute droite qu'elle est, me tourmente bien. Cet ordre, ce contre-ordre t'auront sans doute tourmenté ; j'espère à cause de ma soeur, que tu n'auras pas quitté Milan. Donne-nous souvent de tes nouvelles, car tu sais combien nous en avons besoin. J'espère que ce pauvre Tascher n'aura pas été fait prisonnier.
Adieu, je t'embrasse tendrement.
Hortense
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