Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène Mon cher Eugène, j'ai vu toutes tes lettres et je les approuve bien ; mais ce qui me désole de tout cela c'est de voir, par une lettre que je reçois de ta femme, combien elle est affectée. Rassure-la, je t'en prie car, dans sa position et avec son coeur, on sent tout vivement, et, quand on est plus âgé, on connaît davantage l'injustice et on prend plus son parti. Le monde, au reste, te rend bien ce qu'on ne pourra pas t'ôter ; il est impossible de mieux parler de toi et, depuis tes proclamations, je suis obligée de faire continuellement la modeste pour toi. Le jour où notre mère avait reçu la lettre de l'Empereur et où elle en était si affectée, je n'ai trouvé rien de mieux pour la remonter, que de lui dire : L'Empereur fait tant de cas des personnes dont il se méfie, qu'en vérité il ne faut pas trop se tourmenter s'il méconnaît Eugène. Il l'en appréciera peut-être davantage. Hortense P.S. Le prince de Neuchâtel a écrit à sa femme que l'Empereur ferait une paix digne de lui et que la France serait dans ses limites naturelles ; on dit que les bases doivent être la paix de Francfort. |