année 1848
Paris, le 26 septembre 1848
Discours aux Citoyens Représentants
Trois cent mille suffrages proclament, pour la troisième fois, Louis-Napoléon représentant du peuple. Le Prince se rend à Paris et vient prendre sa place à l'Assemblée nationale, le 26 septembre 1848.
Son admission cette fois est prononcée sans protestation. Louis-Napoléon demande la parole et dit :
Citoyens Représentants,
Il ne m'est pas permis de garder le silence, après les calomnies dont j'ai été l'objet.
J'ai besoin d'exprimer
ici hautement, et dès le premier jour où il m'est permis de siéger parmi vous, les vrais sentiments qui m'animent et qui m'ont toujours animé.
Après trente-trois années de proscription et d'exil, je retrouve enfin ma patrie et tous mes droits de citoyen !
La République m'a fait ce bonheur ; que la République reçoive mon serment de reconnaissance, mon serment de dévouement, et que les généreux compatriotes qui m'ont porté dans cette enceinte soient certains que je m'efforcerai de justifier leurs suffrages en travaillant avec vous au maintien de la tranquillité, ce premier besoin du pays, et au développement des institutions démocratiques que le peuple a le droit de réclamer.
Longtemps je n'ai pu consacrer à la France que les méditations de l'exil et de la captivité. Aujourd'hui la carrière où vous marchez m'est ouverte : recevez-moi dans vos rangs, mes chers collègues, avec le même sentiment d'affectueuse confiance que j'y apporte.
Ma conduite, toujours inspirée par le devoir, toujours animée par le respect de la loi, ma conduite prouvera, à l'encontre des passions qui ont essayé de me noircir pour me proscrire encore, que nul ici plus que moi n'est résolu à se dévouer à la défense de l'ordre et à l'affermissement de la République.
Ces paroles, favorablement accueillies par l'Assemblée, ramènent à Louis-Napoléon la plupart de ceux-là même qu'on avait un moment rendus ses adversaires.
L'Assemblée nationale, quelques jours après, vote, à l'UNANIMITE DES SUFFRAGES, le décret suivant, dernière condamnation du projet de décret présenté le 12 juin.
" L'article 6 de la loi du 8 avril 1832, relatif au bannissement de la famille Bonaparte, est abrogé."
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