année 1849
11 août 1849
Voyage de Rouen
M. le Président de la République se rend à Rouen. Un banquet lui est offert par le conseil municipal.
M. le Président y assiste et répond ainsi au toast du maire de la ville :
Messieurs,
Plus je visite les villes principales de la France, et plus forte est ma conviction que tous les éléments de la prospérité publique sont renfermés dans ce pays.
Qui est-ce qui empêche donc aujourd'hui notre prospérité de se développer et de porter ses fruits ? Permettez-moi de vous le dire : c'est que le propre de notre époque est de nous laisser séduire par des chimères, au lieu de nous attacher à la réalité.
Messieurs, je l'ai dit dans mon Message : Plus les maux de la sociétés sont patents, et plus certains esprits sont enclins à se jeter dans le mysticisme des théories.
Mais, en réalité, de quoi s'agit-il ? Il ne s'agit pas de dire : Adorez ce que vous avez brûlé, et brûlez ce que vous avez adoré pendant tant de siècles ; il s'agit de donner à la société plus de calme et plus de stabilité ; et, comme l'a dit un homme que la France estime et que vous aimez tous ici, M. Thiers : "Le véritable génie de notre époque consiste dans le simple bon sens."
C'est surtout dans cette belle ville de Rouen que règne le bon sens, et c'est à lui que je dois l'unanimité des suffrages du 10 décembre ; car, Messieurs, vous m'avez bien jugé, en pensant que le neveu de l'homme, qui a tant fait pour asseoir la société sur ses bases naturelles, ne pouvait pas avoir la pensée de jeter cette société dans le vague des théories.
Aussi, Messieurs, je suis heureux de pouvoir vous remercier des 180 000 votes que vous m'avez donnés. Je suis heureux de me trouver au milieu de cette belle ville de Rouen, qui renferme en elle les germes de tant de richesses ! ... Et j'ai admiré ces collines parées des trésors de l'agriculture ; j'ai admiré cette rivière qui porte au loin tous les produits de votre industrie.
Enfin, je n'ai pas été moins frappé à l'aspect de la statue du grand Corneille. Savez-vous ce qu'elle me prouve ? C'est que vous n'êtes pas seulement dévoués aux grands intérêts du commerce, mais que vous avez aussi de l'admiration pour tout ce qu'il y a de noble dans les lettres, les arts et les sciences.
Messieurs, je bois à la ville de Rouen, et suis profondément reconnaissant de l'accueil que j'ai reçu aujourd'hui de vous.
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