année 1850
10 décembre 1850
Banquet de l'hôtel de ville
Un banquet est offert au Président à l'hôtel de ville.
M. le Président de la République répond en ces termes au discours du préfet de la Seine :
Messieurs,
Fêter l'anniversaire de mon élection à l'hôtel de ville, dans ce palais du peuple de Paris, c'est me rappeler l'origine de mon pouvoir et les devoirs que cette origine m'impose. Me dire que le France a vu, depuis deux ans, sa prospérité s'accroître, c'est m'adresser l'éloge qui me touche le plus. Aujourd'hui, je le reconnais avec bonheur, le calme est revenu dans les esprits ; les dangers qui existaient, il y a deux année, ont disparu, et, malgré l'incertitude des choses, on compte sur l'avenir, parce qu'on sait que, si des modifications doivent avoir lieu, elles s'accompliront sans trouble.
A quoi devons-nous d'avoir substitué l'ordre au désordre, l'espérance au découragement ? Ce n'est pas parce que, fils et neveu de soldat, h'ai moi-même remplacé un autre soldat ; mais parce qu'au 10 décembre, pour la première fois depuis février, le pouvoir a surgi de l'exercice d'un droit légitime et non d'un fait révolutionnaire.
J'aime à profiter de ces anniversaires, qui sont des jalons à l'aide desquels se mesure la marche des événements, pour constater les causes qui fortifient ou affaiblissent les gouvernements. Les grandes vérités sanctionnées par l'histoire des peuples sont toujours utiles à proclamer. Les gouvernements qui, après de longs troubles civils, sont parvenus à rétablir le pouvoir et la liberté, et à prévenir les bouleversements nouveaux, ont, tout en domptant l'esprit révolutionnaire, puisé leur force dans le droit né de la révolution même. ceux-là, au contraire, ont été impuissants, qui sont allés chercher ce droit dans la contre-révolution. Si quelque bien s'est fait, depuis deux ans, il faut donc en savoir gré surtout à ce principe d'élection populaire, qui a fait sortir du conflit des ambitions un droit réel et incontestable.
Disons-le donc hautement,
ce sont les grands principes, les nobles passions, telles que la loyauté et le désintéressement, qui sauvent les sociétés, et non les spéculations de la force et du hasard. Grâce à l'application de cette politique, nous goûtons quelque repos, et aussi pouvons-nous, cette année, mieux que par le passé, réaliser des progrès.
Le conseil municipal de Paris a raison de compter sur le Gouvernement
pour tout ce qui pourra rendre plus prospère la situation de Paris, car Paris est le coeur de la France, et toutes les améliorations utiles qu'0n y adopte contribuent puissamment au bien-être général.
Acceptez donc, Messieurs, avec mes remerciements, un toast à la ville de Paris. Mettons tous nos efforts à embellir cette grande cité, à améliorer le sort de ses habitants, à les éclairer sur leurs véritables intérêts. Ouvrons des rues nouvelles, assainissons les quartiers populeux qui manquent d'air et de jour, et que la lumière bienfaisante du soleil pénètre partout dans nos murs, comme la lumière de la vérité dans nos coeurs.
"A la ville de Paris !"
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