année 1850
15 août 1850
Voyage de Lyon - Discours de Lyon
Le Président de la République arrive le 15 août à Lyon. Le soir, la ville lui offre un banquet ; le Prince répond ainsi au toast porté par le maire :
Monsieur le Maire,
Que le ville de Lyon, dont vous êtes le digne interprète, reçoive l'expression sincère de ma reconnaissance pour l'accueil sympathique qu'elle m'a fait ; mais, croyez-le bien, je ne suis pas venu dans ces contrées, où l'Empereur, mon oncle, a laissé de si profondes traces, afin de recueillir seulement des ovations et passer des revues : le but de mon voyage est, par ma présence, d'encourager les bons, de ranimer les esprits égarés, de juger par moi-même des sentiments et des besoins du pays. La tâche que j'ai à accomplir exige votre concoure, et, pour que ce concours me soit complètement acquis, je dois vous dire avec franchise ce que je suis et ce que je veux.
Je suis, non pas le représentant d'un parti, mais le représentant des deux grandes manifestations nationales qui, en 1804 comme en 1848, ont voulu sauver par l'ordre les grands principes de la révolution française. Fier de mon origine et de mon drapeau, je leur resterai fidèle ; je serai tout entier au pays, quelque chose qu'il exige de moi, abnégation ou persévérance.
Des bruits de coups d'Etat
sont peut-être venus jusqu'à vous, Messieurs ; mais vous n'y avez pas ajouté foi, je vous en remercie : les surprises et les usurpations peuvent être le rêve des partis sans appui dans la nation ; mais l'élu de six millions de suffrages exécute les volontés du peuple, il ne les trahit pas. Le patriotisme, je le répète, peut consister dans l'abnégation comme dans la persévérance.
Devant un danger général, toute ambition personnelle doit disparaître ; en cela, le patriotisme se reconnaît, comme on reconnut la maternité dans un jugement sélèbre. Vous vous souvenez de ces deux femmes réclamant le même enfant ; à quel signe reconnut-on les entrailles de la véritable mère ? au renoncement à ses droits que lui arrache le péril d'une tête chérie. Que les partis qui ament la France n'oublient pas cette sublime leçon ; moi-même, s'il le faut, je m'en souviendrai. Mais, d'un autre côté, si des prétentions coupables se ranimaient et menaçaient de compromettre le repos de la France, je saurais les réduire à l'impuissance en invoquant encore la souveraineté du peuple, car je ne reconnais à personne le droit de se dire son représnetant plus que moi.
Ces sentiments, vous devez les comprendre, car tout ce qui est noble, généreux, sincère, trouve de l'écho parmi les Lyonnais ; votre histoire en offre d'immortels exemples. Considérez donc mes paroles comme une preuve de ma confiance et de mon estime.
Permettez-moi de porter un toast à la ville de Lyon.
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