année 1852
20 septembre 1852
Inauguration de la statue de l'Empereur à Lyon
Le Prince Président assiste à l'inauguration de la statue équestre de l'Empereur à Lyon et prononce le discours suivant :
Lyonnais,
Votre ville s'est toujours associée par des incidents remarquables aux phases différentes de la vie de l'Empereur. Vous l'avez salué consul, lorsqu'il allait par delà les monts cueillir de nouveaux lauriers ; vous l'avez salué empereur tout-puissant : et, lorsque l'Europe l'avait relégué dans une île, vous l'avez encore, des premiers, en 1815, salué Empereur.
De même aujourd'hui votre ville est la première qui lui élève sune statue équestre. Ce fait a une signification. On n'élève des statues équestres qu'aux souverains qui ont régné ; aussi les gouvernements qui m'ont précédé ont-ils toujours refusé cet hommage à un pouvoir dont ils ne voulaient pas admettre la légitimité.
Et cependant, qui fut plus légitime que l'Empereur, élu trois fois par le peuple, sacré par le Chef de la Religion, reconnu par toutes les Puissances continentales de l'Europe, qui s'unirent à lui et par les liens de la politique et par les liens du sang ?
L'Empereur fut le médiateur entre deux siècles ennemis ; il tua l'ancien régime en rétablissant tout ce que ce régime avait de bon ; il tua l'esprit révolutionnaire en faisant triompher partout les bienfaits de la révolution : voilà pourquoi ceux qui l'ont renversé eurent bientôt à déplorer leur triomphe. Quant à ceux qui l'ont défendu, ai-je besoin de rappeler combien ils ont pleuré sa chute ?
Aussi, dès que le peuple s'est vu libre de son choix, il a jeté les yeux sur l'héritier de Napoléon, et, par la même raison, depuis Paris jusqu'à Lyon, sur tous les points de mon passage, s'est élevé le cri unanime de Vive l'Empereur ! Mais ce cri est bien plus, à mes yeux, un souvenir qui touche mon coeur, qu'un espoir qui flatte mon orgueil.
Fidèle serviteur de la France, je n'aurai jamais qu'un but, c'est de reconstituer dans ce grand pays, si bouleversé par tant de commotions et par tant d'utopies, une paix basée sur la conciliation pour les hommes, sur l'inflexibilité des principes d'autorité, de morale, d'amour pour les classes laborieuses et souffrantes, de dignité nationale.
Nous sortons à peine de ces moments de crise où, les notions du bien ou du mal étaient confondues, les meilleurs esprits se sont pervertis. La prudence et le patriotisme exigent que, dans de semblables moments, la nation se recueille avant de fixer ses destinées ; et il est encore pour moi difficile de savoir sous quel nom je puis rendre les plus grands services.
Si le titre modeste de Président pouvait faciliter la mission qui
m'était confiée, et devant laquelle je n'ai pas reculé, ce n'est pas moi qui, par intérêt personnel, désirerais changer ce titre contre celui d'Empereur.
Déposons donc sur cette pierre notre hommage à un grand homme ; c'est honorer à la fois la gloire de la France et la généreuse reconnaissance du peuple ; c'est constater aussi la fidélité des Lyonnais à d'immortels souvenirs.
Inauguration de la statue équestre de Napoléon Ier à Lyon le 20 septembre 1852.
Droit : Vue du monument.
Revers : Deux chérubins de part et d'autre d'un tableau aux armes de Lyon.
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