année 1854
2 septembre 1854
Ordre du jour à l'armée de Boulogne
L'Empereur adresse à l'armée de Boulogne l'ordre du jour suivant :
Soldats !
En venant prendre le commandement de cette armée du Nord, dont une division s'est récemment illustrée dans la Baltique, je dois déjà vous adresser des éloges, car depuis deux mois vous avez supporté gaiement les fatigues et les privations inséparables d'une pareille agglomération de troupes.
La formation des camps est le meilleur apprentissage de la guerre, parce qu'elle en est l'image fidèle ; mais elle ne profiterait pas à tous, si l'on ne mettait à la portée de chacun la raison des mouvempents à exécuter.
Une armée nombreuse est obligée de se diviser pour vivre, afin de ne pas épuiser les ressources d'un pays, et néanmoins elle doit pouvoir se réunir promptement sur un champ de bataille. Là est l'une des premières difficultés d'un grand rassemblement. "Toute l'armée, disait l'Empereur, dont les différentes parties ne peuvent se réunir en vingt-quatre heures sur un point donné est une armée mal placée." La nôtre occupe un triangle dont Saint-Omer est le sommet et dont la base s'étend d'Ambleteuse à Montreuil. Ce triangle a huit lieues de base sur douze de hauteur, et toutes les troupes peuvent se concentrer en vingt-quatre heures sur un point quelconque du triangle. Ces mouvements s'opéreront avec facilité si le soldat est habitué à la marche, - s'il porte aisément ses vivres et ses munitions, - si chaque chef de corps maintient en route la discipline la plus sévère, - si les diverses colonnes qui se dirigent par des routes différentes ont bien reconnu le terrain et ne cessent jamais d'être en communication entre elles, - enfin, si aucune arme ne gêne la marche de l'autre, malgré l'immense embarras d'un grand nombre de chevaux et de voitures. Les troupes une fois arrivées au lieu indiqué, il faut s'éclairer, se garder militairement et bivaquer.
Voilà ce que vous allez être appelés à mettre en pratique. Sans donc parler des combats et des manoeuvres de tactique, vous voyez comme tout s'enchaîne dans l'art de la guerre, et combien le plus simple détail doit contribuer au succès général.
Soldats ! les chefs expérimentés que j'ai placés à votre tête et le dévouement qui vous anime me rendront facile le commandement de l'armée du Nord, vous serez dignes de ma confiance, et si les circonstances l'exigeaient, vous serez prêts à répondre à l'appel de la patrie.
Napoléon
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