Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
1er septembre 1815
C'est M. Alex.Baring qui te remettra cette lettre mon ami, mon excellent fils, puisse tous les bonheurs t'accompagner. Je t'invite fort à bien consulter, sur les moeurs, les habitudes, et mêmes les préjugés du pays où tu vas, car il n'y a pas une nation qui tienne plus à ses manières , qui vous sache plus gré de vous y conformer. Je ne savaispas cela en y arrivant, j'ai voulu garder les nôtres et m'en suis fort mal trouvée.
Madame Baring m'a promis de te donner tous les conseils d'une mère pour ton petit établissement.
Je crois que François et une servante comme Sally te suffiront. Celle-là te blanchira et te fera ton petit dîner.
Je pense que tu iras voir Monsieur le duc d'Orléans. Lord Kinnaird et ses amis t'en enverront un, cela vaudrait mieux.
Si tu pouvais te présenter au Prince Regent et lui plaire ce qui serait peut-être facile dans le commencement. Peut-être pourrais-tu obtenir qu'Henriette vienne en Angleterre. Ce qui est sûr, c'est qu'elle serait mieux là que dans l'horrible trou où elle est obligée de solliciter la permission d'être. Je vais consulter pour M. de L. Ch., mais je crois qu'une carte suffira, et ensuite, voir venir.
Lady Jersey arrive ici le 5, mais seulement pour 15 jours. Tes amis crient beaucoup ici dans l'idée que tu aies mes perruques, et je crois que la tête la plus chauve est beaucoup plus fashionable en Albion que la sage perruque.
Si tu veux un habit habillé, tu me manderas lequel.
Ne dis jamais du mal des pauvres choux , pas même tête à tête, on est fort sévère sur la foi des partis.
Le général Gérard va te voir en Angleterre car il lui est ordonné de voyager.
Papa t'embrasse, pense à lui en ne trouvant que dans la musique italienne l'amour de nos romances et la haine de nos grands airs français.
Mme Baring me disait hier qu'elle avait bien envie de te voir parce que tu avais la réputation de most accomplish man , tu vois en quoi cela t'engage.
Adieu cher, cher ami, je t'aime de toutes les forces de mon âme. Ecris-moi sous l'adresse de Gabriel de Lessert , rue...
Parle de moi à Mlle Fox
Adieu encore, du sérieux jusqu'à ce que tu aies appris les usages , c'est une langue plus nécessaire pour s'entendre que celle parlée.
Adieu encore, mon excellent ami, que de temps passé loin l'un de l'autre et cela dans le mauvais côté où je suis de la vie.
Dans ce moment où les jours me sont précieux, ah ! que je suis triste !
Mais comme je suis tranquille de te savoir dans l'heureuse et constitutionnelle Angleterre où du moins en ne se mêlant de rien, on n'a rien à craindre, enfin, nous avons peut-être quelques beaux jours.
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