Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
24 février 1817
Mon cher enfant, tes deux dernières lettres m'ont fait une peine que je ne puis t'exprimer. Il y règne un sentiment de tristesse si profond que j'en ai pleuré, ah oui ! J'espère nous revoir, et plus tôt que tu ne le penses, mais pas avant que je ne te l'écrive. J'ai des raisons pour cela que le col. Stanhope te portera car elles seraient trop longues à écrire par le courrier.
Mme de Staël est malade mais sans aucun danger, c'est notre petit Moreau qui la soigne.
M. Corbie ne voit personne et ne sort jamais, il est tout à ses affaires domestiques.
Stanislas Girardin te dit mille choses. Les Anglais qui viennent ici assurent qu'Auguste va se marier. Il y a-t-il quelque chose de vrai dans ce nouvel émoi, car c'est un bruit général.
Je t'envoie par le courrier de Gabriel deux étuis de chocolat de 17 f. pièce, je ne te les avais pas envoyés d'abord parce que l'homme qui peint ces velours est mort, qu'il n'y avait plus que ces deux-là et que je trouvais qu'ils vendaient les autres un peu trop communs tandis que seuls ils paraissaient jolis. J'ai fait parvenir à M. de Case l'aimable conduite de M. d'Osmont relativement aux fêtes données par les ambassadeurs. M de Richelieu l'a saura aussi, et je lui ferai demander de ne pas croire sur toi un mot de ce que dira M. d'Osmont. Qu'ils sont nobles, généreux, quand ils triomphent ces messieurs !
Adieu, mon enfant, je t'aime de toute mon âme et je finirai ma lettre tantôt, car le courrier est arrivé mais les paquets ne sont pas encore défaits. J'attendrai mes lettres pour savoir s'il y a une réponse à te faire, en attendant je t'aime et le répète pour mon plaisir.
Après l'arrivée du courrier, pas de lettres de toi mon cher ami. Me voilà retombée dans mes mauvaises humeurs et surtout tes dernières lettres étaient si tristes.
Crois que Vincent propose quelques tracasseries, j'en ai les preuves, je sors de chez Mme N... Je verrai cette semaine le duc de Richelieu pour toi. Il est fort aigri et ton passeport pour revenir ici doit venir de lui, sans quoi tu n'en aurais pas , mais que dira la dame au chocolat ? Je sais bien ce que je dirai , moi, et juge si je serai heureuse de te voir; pendant quelques temps il me suffira de te regarder, ce sera ssez de bonheur.
Adieu le bien chéri, le bien-aimé, j'attends avec impatience ma baptiste d'Ecosse et mon tulle. Ne parle point de ce dernier à lady H. J'ai reçu une lettre d'elle aujourd'hui, je vais faire ses commissions des blondes. Je lui en écrirai jeudi. Adieu mon bien chéri, que je t'aime, que je serais heureuse de tout faire pour toi. L'ami de papa est charmant mais cagneux à me désoler. Je vais lui donner un maître à danser mais je ne sais à qui m'adresser pour en avoir un bon . Eclaire-moi sur ce point , ce qui lui vaudrait mieux serait de nager si tu étais ici. Ne réponds pas sur la cagne car papa prend pour une personnalité tout ce que je trouve d'imparfait dans son ami , et me gronderait de t'inquiéter, mais ce serait bien laid si cela restait ainsi.
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