Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
25 mars 1817
Mon cher Charles, notre bon Saucier (?) te portera cette lettre, il te dira tout le bruit qu'a fait Germanicus, on ne parle que duels et coups de bâtons. Je t'écrirai avant le mois de Mai. Je suis toujours dans les idées de Nonore, mais n'en parle pas à Saucier . Il va en Angleterre sans savoir un mot de la langue, et je crains bien qu'on ne le garde à la douane, aussi, je ne lui confierai même pas de chocolat.
Je t'aime, je t'embrasse de toute mon âme, je n'existe que pour toi et quand je ne désire pas que tu viennes me retrouver , c'est que je crois le moment détestable. Cette dernière affaire a ranimé les ultras pire qu'au premier jour. La fièvre de calomnie est plus ardente que jamais.
Adieu, je t'écrirai jeudi. Souviens-toi que les lettres signées Adèle sont au nom de Vincent et de moi. Ainsi pense toujours à ces jolis vers : Lorsque sur cette terre on se sent délaissée, et dis m'en un mot de ton côté .
La nouvelle de notre maison est qu'Auguste a dit hier à papa : J'ai envie de brûler ta maison et d'y mettre le feu avec une allumette, comme cela serait beau ! Papa a pris cela au grave , moi je l'ai raisonné, et il ne voyait là-dedans qu'un feu d'artifice comme chez Franconi. Juge où conduit le voir et le savoir ? Heureusement qu'on nous en décarême (?) tous les jours.
Mme de Staël est mieux aujourd'hui.
Adieu mon enfant, mon ami, adieu ma vie.
Mille compliments au bon Frecki (?) Henry Webster n'est pas encore arrivé à Paris. Dis-le à lady Holland . A-t-elle reçu des rubans dans une lettre, que je n'ose pas lui en envoyer d'autres avant de savoir s'ils arrivent. M. Stanhope a dû te remettre de la blonde pour elle. La lui as-tu fidèlement remise ?
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