Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
8 mai 1817
Que je voudrais pouvoir te porter cette lettre en un quart d'heure mon cher ami. Je sors de chez M. de Case . Il dit que la démission serait prise en mauvaise part ; qu'il faut commencer par demander l'autorisation, en conséquence Carb... fera une lettre de toi ce soir qui sera remise au ministre de la Guerre demain mais M. ... préviendra le Roi ce soir, je l'ai prié de dire à sa majesté que si je l'avais osé, je lui aurais demandé son agrément. M. de Case m'a dit qu'il s'en chargeait et que ta demande faite ce soir tu n'avais qu'à te marier en attendant la réponse qui pourrait tarder par les négligences des bureaux. Il a été parfait, de toutes perfections . Il m'a dit qu'il fallait que la demoiselle te raccomodât avec son père. J'ai répondu qu'il n'aurait jamais eu de préventions contre toi sans les calomnies de M. d'Osmont ; que je préférerais cent fois que tu eusses eu des torts réels parce qu'alors un aveu et un regret suffiraient pour réparer, mais que contre la calomnie, je ne voyais ni moyen de s'y opposer ni possibilité souvent de la connaître. Il ne m'a pas dit qu'il ferait cesser tout cela, mais je l'ai vu. Quand je suis entrée chez lui, le maréchal Oudinot y était, qui a fait de toi un éloge excellent, car il lui a dit : Flahaut est éminemment un homme de coeur, et frappant sa main sur sa poitrine, il a ajouté : adressez-vous à son coeur et il sera mieux qu'aucun autre. J'ai vu que cela avait très bien préparé ma visite. Ta demande en autorisation sera remise demain par Foy à M. de M... pour la faire activer comme si tu la lui avais envoyée de Londres.
Adieu cher ami, fais mes excuses à Mlle M. si je n'ai pas encore été chez Mme Cassano , mais la tête me tourne de tout ce que j'ai eu à faire cette semaines, des lettres à toi, à M. de Case, tes actes notariés à faire viser, un envoi de mode de chez le Roi pour Mme Rodrigue de Souza, grande maîtresse de la nouvelle Princesse du Brésil, enfin je ne sais où j'en suis. Elle a fait demander à mon bon goût des livres choisis, j'ai envoyé les miens. Que dis-tu de cela ? Mais il ne paraît rien qui vaille ici. Et enfin cette dame est la cousine, la commère de mon mari et elle entend la plaisanterie.
Papa demande à genoux à Palmella de lui envoyer l'ex. du Camoëns qui lui a été adressé de Lisbonne il y a déjà longtemps. Lady Holland devrait bien l'adresser à M. Stuart.
Adieu cher ami, je t'aime, je t'embrasse de toutes les forces de mon âme et ce que je suis pour Mlle M... est de la vénération et une espèce de religion . Quelle âme noble et élevée. Elle croit n'épouser qu'un mari, mais elle trouvera papa et moi pour la chérir autant que tu pourras le faire. Dis à Frecki de m'écrire pour les détails que tu n'as pas le temps de me mander. Lui qui n'est pas amoureux peut me raconter toutes les niaiseries pour et contre que tu négligerais et qui nous font vivre dans ce petit coin.
Lord Castelreagh a toujours été si bien pour toi que je trouverais convenable que tu lui demandes un rendez-vous et lui dire que tu as l'agrément du Roi. M. de C. m'a dit qu'il le lui demanderait ce soir, et il faut que sur la lettre que je lui ai écrite il y a trois jours, il ait pris les ordres de S.M. puisqu'il m'a dit que tu pouvais te marier en attendant l'autorisation et la demande se ferait ce soir au ministre.
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