Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils Je commence ma lettre d'aujourd'hui en vous disant que je me suis transportée chez M. Pragny après que cet excellent Gabriel y a été et s'est assuré que les tableaux y étaient. Je ne conseille pas du tout à M. Murray de les acheter. D'abord c'est une suite de la mauvaise école française sous Louis quinze. Le tableau ovale est détestable et l'autre qui vaut mieux est cependant maniéré et rappelle pas mal ces anciennes porcelaines de Soyes (?) où il y a des linges avec des habits de soie et les houlettes enfantines de rubans. Enfin, ils n'avaient point les honneurs de mon appartement. Je ne vois même pas que j'en supporte pas la vue chez Sally parce qu'elle me choque, et ceci entre nous, car je ne veux pas blesser ni offenser les goûts du général Ramsay. Je n'ai pas trouvé chez cet homme rien qui fut digne d'attention qu'un beau tableau qu'il dit être de Philippe de Champagne ; cependant j'en doute fort , car son grand mérite est les mains, et celles du tableau ne me paraissent pas assez belles pour ce maître, tant y a qu'il veut le vendre 1500 frs, c'est un Roi avec le manteau royal prosterné devant un autel. M. Murray aime-t-il les paysages, les têtes, ou les enfants, les femmes ou les martyrs, enfin dis-moi son genre et je chercherai. Mais pour du Watteau, s'il m'écoute, je ne lui en enverrai pas. |