Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
7 septembre 1818
Nous ne sommes occupés ici que du col. du Fay. Cependant, il sera oublié avant d'être guéri. J'ai vu le col. Fabvier qui l'a vu, il est plus mal depuis deux jours mais on espère qu'il s'en tirera. Le coup de stylet est de quatre pouces et demi de long, mais ayant entendu quelqu'un accourir, comme il sonnait à la porte, il s'est retourné, ce qui a fait que le coup a porté en biais. S'il eut été dirigé droit, il serait mort sur la place. Le stylet était si fin que le chirurgien a été obligé d'ouvrir la ... Le porteur ayant ouvert au bruit de la sonnette, les assasins se sont enfuis et ce même porteur a déclaré que deux hommes attendaient depuis 8 heures du soir, se promenant en long et en large devant la porte. Pour le refaire de sa blessure, il a reçu le lendemain une lettre anonyme que voici : Scélérat ! tu as ta part, et nous en ferons autant à tous ceux qui pensent comme toi. Vos gueux ... comme un chien. J'espère que Marguerite ne mettra pas cette éloquence dans son portefeuille, c'est de l'histoire cependant. Cela fait d'autant plus de peur que M. de Senneville a été menacé de même ; qu'ayant été averti, il a été obligé de partir pour Lyon presqu'en cachette, enfin je suis toujours dans la même opinion.
Le général Donadieu a été interrogé comme complice dans l'affaire Canuel, tout cela est bien triste, bien inquiétant et tout le monde se dit tout haut : Il y aura du bruit avant le départ des étrangers pour les faire rester.
Cette Mme de Fitz-Morris était brouillée depuis 20 ans avec son mari , ainsi sa mort fera seulement qu'elle le verra un peu moins car vivant, elle risquait de le rencontrer et voilà tout.
Je n'ai pas encore eu d'occasion pour votre douillette ma chère fille, votre sixième chaise est finie. Ce sont de superbes pavots qui font un effet admirable. Je vous l'enverrai par la première personne qui voudra s'en charger.
Mes chers enfants, je vous quitte en vous embrassant de toutes les forces de mon âme, mais il a fait de l'orage hier et cela m'a donné un peu de mal au côté.
Vos deux jeunes Ecossais ne sont pas venus me voir, mais m'ont envoyé la bague en s'excusant sur leur santé.
Si vous écrivez à l'amiral Flemming, faites-lui mes compliments et dites-lui que le général de Roche m'ayant parlé de lui avec attachement, j'ai bien voulu me charger de surveiller un peu une petite nièce qu'il laisse ici dans une pension excellente, où j'avais déjà fait placer la petite Hume. Dites-lui qu'en me priant au nom de l'am. Flemming qu'on peut compter sur moi.
retour à la correspondance de Mme de Souza-Flahaut