Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
25 février 1819
Je ne t'écrirai qu'un mot, mon bien aimé Charles, pour te dire que les yeux de Frecki sont sauvés. Je l'ai vu, il se lève, il mange un peu, enfin il n'y a plus rien à craindre.
J'ai commencé un traitement de calomel et cela me rend souffrante toute la matinée, c'est ce qui fait que t'ayant écrit lundi, je ne ferai que vous embrasser de toute mon âme mes chers enfants, car j'ai mal au coeur comme si j'étais sur mer.
Ma fille aura ses rubans par le 1er courrier portugais.
Nous sommes dans un grand émoi pour la motion des Pairs, mais les ministres et le Roi sont décidés à prendre toutes les mesures nécessaires, et à ôter toutes les places aux ultras. Il va y avoir cinq ou 6 semaines encore de troubles, non dans les rues, mais dans les deux Chambres et dans les salons ; ensuite, tout ira comme il y a huit jours. En attendant, je suis bien heureuse que tu ne sois pas ici car les duels sont bien fréquents. D'ailleurs, si pendant cette crise le Roi mourait, ce dont Dieu nous préserve, heureux ceux qui seraient dans la paisible Ecosse.
Ma très chère fille, mon bien cher Charles, je vous embrasse de toute mon âme.
L'amiral F. est parti pour Bordeaux avant-hier à 4h du soir et en bien mauvais état de santé, mais ces amiraux sont entêtés à faire trembler, je le lui ai bien dit. Il m'a lu une lettre où l'on disait que tu allais prendre les bains de Bath. Je désapprouve cela du kinkina et de légers purgeants, voilà ce qu'il te faut.
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