Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
6 mars 1819
précédée d'une note de Stanislas (de Girardin ?)
"Mon cher Charles, je t'embrasse de tout mon coeur et j'aime mieux dans les circonstances actuelles vous embrasser de loin, que de près, c'est assez vous dire que je parle que vous avez sagement agi en retardant votre voyage."
Voilà ce que Stanislas a voulu t'écrire mon cher enfant.
Lafitte n'a point voté l'adresse des remerciements sur la déclaration du ministre de la Justice. C'est malheureux parce que le peuple qui n'entend pas grand chose aux formes du réglement de la Chambre voit dans les ... la proposition de Lafitte un penchant des députés à adopter celles des pairs et l'agitation est extrême. Je ne crois pas que le ministre puisse se maintenir s'il ne prend pas des mesures plus décidées, mais le pourra-t-il ?
Ma chère fille, je vous enverrai par le 1er courrier une seconde robe à capuchon car il faut bien en avoir une quand l'autre est sale. Deux foureaux de votre baptiste d'Ecosse brodées mais non faites et un foureau de pascale dont j'ai trouvé la broderie jolie, puis un petit bonnet tout simple et digne des premiers jours mais d'une jolie broderie.. Aimez-vous les bas brodés à jour ou unis ?
Adieu mes chers enfants. Boissi Douglas disait à de Case, si vous pouviez prendre un maître qui vous apprît comment les révolutions commencent et comme vite elles marchent, vous ne le payerez pas trop cher en lui donnant mille francs par 5 minutes. A Rouen il y a en plus des quatre mille signatures contre la Chambre des Pairs depuis sept heures du matin jusqu'à dix du soir ; la place a été remplie d'une foule où il ne serait pas tombé une épingle. Et l'on n'entrait que deux à deux pour signer. Les ultras aussi demandent des signatures ; ainsi voilà les villes, les villages divisés comme les familles l'étaient déjà. Juge le bel état et les corps diplomatique résidant ici dit ce n'est rien que tout cela ? Les petits changements qu'on demande ne signifient rien. Voilà des haines qui ne ... bien leurs souverains.
Je vous embrasse de toute mon âme.
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