Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils Je rouvre ma lettre parce que je crains que vous en donniez trop d'extension à ma pensée sur papa. Dieu me garde de dire ou croire qu'il se mettait à la tête d'un parti qui attaquerait les prérogatives Royales ; mais il suffirait qu'il soutînt les intérêts du peuple, qu'il défendît ses droits, qu'il prononçât le mot liberté, pour (ce qu'il ne manquerait pas de faire) que toutes les haines de la cour et des nobles s'attachassent à son nom et à sa personne, et que les envieux ou les ennemis de la fortune de ... (qui a été extraordinaire à son âge dans son pays) s'en servissent chaque jour pour attaquer le père et mère ou fils. D'ailleurs, qui ne sait qu'en révolution les haines ne s'attachent qu'aux noms connus qui paraissent dans les commencements, nous en avons mille exemples chez nous. La cour détestant plus M. de Lafayette que Robespierre. C'est le général ordinaire qui a arrêté le duc d'Enghien, mais comme c'était un nom ordinaire, on ne nommera à tout jamais que M. de Caulaincourt qui n'y a été pour rien. Je pense donc que l'âge, la santé de M. de Souza, la situation de son fils, tout devrait faire désirer qu'il restât ici, mais je ne dirai pas un mot dans cette affaire et je me soumettrai à leur décision quoi qu'ils décident. |