Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
12 mai 1823
Chaque jour nous apporte de nouveaux chagrins. Votre frère a été au quartier général du d. d'Aug... le 2 mai. Il n'y a resté qu'un jour et en est reparti pour rejoindre le comte d'Amarante à qui il reste un petit noyau de troupes avec lequel il va essayer de rentrer en Portugal pendant que Rego est encore en Espagne. Que deviendront-ils, si Rego se met à leur poursuite, quel sera leur sort s'ils sont pris et mis en jugement ?
Pauvre papa succombe à toutes ces inquiétudes. Il sait d'hier le sort de Thérèse, un bête de portugais le lui a appris. Cependant il conçoit que du moins elle sera en sûreté dans ce cloître. Louis affirme que la grande majorité du Portugal est contraire au régime actuel, mais le grande majorité de la France n'était-elle pas contraire à la Convention ? Tant qu'un gouvernement n'est pas détruit, il est le plus fort, et condamne à mort sans appel. Nous mourons d'inquiétude. Il paraîtrait que le d'Amarante aurait voulu devenir auxiliaire de l'armée française et qu'il a été refusé parce que c'eût été attaquer la neutralité envers le Portugal. Adieu mes chers enfants, je vous bénis et je vous aime de tout mon coeur.
Ne me répondez pas à cette lettre, mais écrivez-moi, car c'est ma seule consolation.
Auguste est bien. C'est encore là une consolation. Le général Drouot l'a examiné hier sur son lati, et a été surpris comme il le comprenait, il m'a dit qu'il était beaucoup plus fort qu'on ne l'est en 6ème et c'étaient des phrases de... qu'il lui faisait expliquer.
Adieu encore. Soyez tous heureux. Lord W. R. est de retour ici.
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