Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils Je vous ai écrit hier, mon cher Charles, et depuis, nous avons appris la très inquiétante nouvelle que les troupes d'Amarantes après s'être battues 2 jours pieds à pieds se sont portés sur Matteus ou Rigo les suit. Que deviendront ma belle-fille et ses quatre prtits enfants, seuls dans ce grand château ? Savez-vous, et ne me répondez pasun mot sur cela, car mon mari a une si grande inquiétude qu'on ne me remet pas un papier qu'il ne veuille le lire, qu'on ne me dit pas un mot qu'il ne cherche à l'entendre, et qu'il ne me demande ce que c'est. Savez-vous que pauvre papa peut se trouver n'ayant plus de famille ; car n'avoir pas un mot de loin depuis que par la lettre du 9 mars on nous le disait passé en Espagne, est une chose incompréhensible ; puisse le ciel permettre qu'il ait échappé aux guérillas de ce pays. S'il s'atait embarqué à La Corogne comme je vous l'ai mandé hier, il me semble qu'il devrait déjà être arrivé en Angleterre il aurait pu écrire un mot à son père. Enfin, je me perds dans cette affreuse obscurité, et je passe ma vie à inventer des motifs de sécurité, à les défendre, et je parviens quelques fois à rassurer papa, je crois, parce qu'il a besoin de saisir la moindre espérance qu'on lui offre. Ma chère fille, je vous embrasse de tout mon coeur ainsi que les trois petites. Je vous embrasse aussi mon cher Charles, et je vous écrirai dès que je saurai quelque chose. Quand vous n'avez pas de mes nouvelles, c'est que je n'en ai point et que je suis dans mon fauteuil à rêver à prévoir sans avoir la force d'écrire. Je vous embrasse. |